samedi 1 novembre 2025

Le grand serpent à plume

Dans mon livre J & R Surnaturelles Adventures et dans le livre Traquée par l'Alpha: Clamer Carmen, j'ai fait du serpent à plumes l'emblème sacré de ma race de métamorphes issus d'Amérique du Sud. Pour être plus précise, c'est la spiritualité des Naguals (les métamorphes) que j'ai tenté de construire autour de ce fameux serpent à plumes.

Voici comment s'est faite ma réflexion à ce sujet quand j'ai créé le personnage de mon tout premier Nagual ainsi que la race de métamorphes qui leur était associée, basée sur les mythes qui entourent le peuple Olmèque.


Spiritualité des Olmèques 

Certains archéologues supposent que les Olmèques vénéraient des dieux alors que d'autres jugent qu'il serait plus vraisemblable de croire qu'il s'agirait en fait d'animaux fétiches, ce qu'ils appellent communément des nauallis.* C'est cette dernière thèse que j'ai privilégié dans la rédaction de mon ouvrage de fiction. Selon celle-ci, il est dit que le jaguar entre autres, tenait une place particulière au sein de la civilisation olmèque. Un autre animal qui tenait une place de choix était le serpent, qui se dit Cóatl en nahuatl, la langue des Toltèques et des Aztèques. Plusieurs tribus aborigènes accordaient des propriétés particulières au serpent. Certains peuples d'Amazonie décrivent d'ailleurs encore aujourd'hui l'énergie vitale de l'être humain comme ayant la forme de serpent entrelacé, lové sur lui-même.**

Ces visions de serpents lumineux lovés sur eux-mêmes ou d'anacondas à demi immergés de l'eau et dressés en vrille en direction du ciel ne sont pas sans rappeler la forme de double hélice de l'ADN humain. Des anthropologues s'étant penchés sur la question se sont d'ailleurs demandé si les indigènes d'Amérique du Sud n'auraient pas compris instinctivement ce que nos scientifiques ont mis plusieurs décennies à confirmer. C'est ce que l'on appelle communément la convergence culturelle.

Du Cóatl (sepent) au Quetzalcóatl (serpent à plumes)
©Catherine Leroux

©Catherine Leroux


Dans l'élaboration de mon histoire, j'avais choisi de faire des métamorphes un peuple rigoureusement athée. Cependant je ne pouvais leur dénier une certaine forme de spiritualité étant donné que ce sont des créatures surnaturelles qui ont donc conscience de l'existence du monde des esprits. Chez les peuples précolombiens d'Amérique du Sud, je savais que le serpent tenait une place très importante pour les raisons que je vous ai mentionné plus tôt. Le Quetzalcóatl, grand serpent à plumes, est pour eux une représentation de la force vitale qui nous anime et aussi de la nature divine cachée en l'être humain qui peut ainsi s'unir à son double animal ou alors à son dieu selon les croyances. Quand un chamane poursuit cet objectif de s'unir à son double animal ou à sa divinité, il est dit qu'il poursuit la voie du Nagual... Cette élévation du statut d'humain au statut surnaturel est figurée par les plumes du Quetzalcóatl, qui préfigure chez les autochtones d'Amérique du Sud l'élévation au-dessus de sa nature humaine vers la nature divine. (C'est du moins ainsi que je l'ai compris et intégré dans ma réflexion.)

Mon clan de métamorphe possède une double nature, à la fois humaine et animale, et poursuit donc la voie du Nagual... Je me suis donc dit que le serpent à plume des peuplades précolombiennes devait avoir une place prépondérante dans la spiritualité du clan de métamorphes que j'ai imaginé.

En poursuivant mon raisonnement, j'ai donc imaginé l'hypothèse suivante:

À cette représentation très basique du serpent, je me suis dit que, étant très savants, mon clan de métamorphe, qui étudiait la nature et lui trouvait une ressemblance avec les brins d'ADN... pourrait avoir ajouté au fil du temps des éléments décoratifs à leur serpent afin d'offrir une représentation plus juste au niveau symbolique de l'esprit qui anime leur peuple. Ils auraient donc employé des plumes de quetzal, un oiseau au plumage rouge, vert et bleu d'Amérique latine, et dont le nom signifie grande plume verte.

Si nous suivons toujours l'hypothèse du double animal (le naualli), nous pouvons aisément imaginer que le serpent fétiche de la tribu olmèque de mon livre s'éleva au rang de dieu en Amérique du Sud et devint ainsi le Quetzalcóatl au contact des Toltèques et des Aztèques, qui le vénéraient, puisque ses trois peuples ont cohabité et se sont donc forcément influencés mutuellement. Mon clan de métamorphe auraient donc influencé la culture locale en Amérique du Sud après leur venue dans notre monde... 

Dans les faits, et sur un plan purement historique, le serpent à plumes était si populaire auprès des civilisations précolombiennes qu'il se retrouvait fréquemment dans l'art mésoaméricain plus de 2000 ans avant la conquête espagnole.

Les plumes de quetzal étaient d'ailleurs employées dans la confection des costumes de cérémonie des prêtres et rois qui prenaient quelquefois le nom de ce dieu auquel ils s'associaient, si bien que le commerce des plumes de cet oiseau était prospère dans toute l'Amazonie.

Mythologie

                               

Nous pouvons imaginer, toujours dans cette «histoire alternative» que le mythe entourant le Quetzalcóatl s'est sans doute lui aussi lentement formé et répandu en plusieurs légendes que les Mexicains et la plupart des peuplades d'Amérique du Sud perpétuent encore aujourd'hui. (cette fois dans la réalité bien tangible.)

Le plus célèbre de ces mythes raconte que Quetzalcóatl, qui était alors un grand roi de Tula, la capitale légendaire des Toltèques, fut séduit et même trompé par Tezcatlipoca, le plus craint de tous les dieux aztèques.

Jaloux de son rival, Tezcatlipoca l'enivra et l'amena à rompre son vœu de chasteté. Chassé de Tula suite à cela, Quetzalcóatl s'enfuit jusqu'au bord de la mer, où il s'immola, perclus de remords. Son cœur, qui s'était échappé des cendres, devint alors l'étoile du matin sous le nom de Tlahuizcalpantecuhtli, ce qui signifie Seigneur de la maison de l'étoile de l'aube en nahuatl.


Ce sont ces mythes, ainsi que toutes les raisons que j'ai évoqué,  qui m'ont fait choisir le Quetzalcóatl comme symbole de mon clan de métamorphes. En effet, j'ai choisi de les décrire comme un peuple savant, qui étudiait l'astronomie et se tournait vers les étoiles. Je désirais aussi représenter leurs systèmes de croyances dans ce même esprit. Mon clan de métamorphe croit donc au surnaturel, mais ne croit pas forcément en un ou plusieurs dieux. Leur système de croyances s'appuie sur la nature et son observation constante. Je juge donc qu'il est important que la mystique de ce peuple soit entièrement centrée sur un fétiche qui soit représentatif de cette sagesse innée du clan très ancien de métamorphes. Plus précisément celui de l'esprit du serpent à plumes, qui représente la force vitale en l'être humain, qui tend à s'élever vers le ciel, ce qui est symbolisé par les plumes. Mais aussi d'un humain qui, à travers les épreuves et la souffrance, serait parvenu à transcender sa souffrance pour en tirer un plus grand bien.

Honey Goldfish

*Caterina Magni, Archéologie du Mexique. Les Olmèques

**Michael Harner, The Way of the Shaman

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