Comprendre les relations Maître/Esclave dans la fiction et dans la réalité consensuelle du mode de vie BDSM
Récemment un commentaire d'une lectrice au sujet de mon
livre "Renaissance de la femme adultère" dans la série du
Milliardaire Beach Club m'a amené à faire une réflexion intéressante.
Elle me mentionnait son malaise face à un dominant qui ne
cessait d'interpeller sa compagne en la traitant d'esclave. Dans sa bouche,
cela était un mot doux, mais pour bien des gens, cela peut rendre inconfortable.
Non pas parce que ce malaise serait illégitime — il est au
contraire parfaitement compréhensible — et même très saint!
Parce que ce simple mot. Esclave. Touche à un sujet souvent
mal compris, chargé d’histoire, d’émotions et de projections: les relations
Maître/Esclave, notamment dans leur forme 24/7... j'ai eu envie de rédiger une
entrée à ce sujet sur mon blogue.
Cet article n’a pas pour but de convaincre qui que ce soit
d’aimer ce type de dynamique. Il a pour but d’expliquer, de contextualiser et
de rappeler une chose essentielle: dans une relation saine, le pouvoir donné
est toujours un pouvoir consenti.
Le poids du mot “esclave” choque
Le mot esclave est lourd de sens. Il évoque la contrainte,
la violence, la dépossession, l’absence totale de choix, voir l'humiliation.
Historiquement et socialement, il est associé à des réalités traumatiques bien
réelles.
Il est donc normal que, sorti de son contexte, ce mot
provoque un rejet immédiat.
Mais dans le roman érotique — et spécialement dans les
relations dominants/soumises — le mot ne renvoie pas à une oppression réelle.
Il est réinvesti, détourné, transformé en symbole intime, choisi, parfois même
sacré. Ce glissement de sens est précisément ce qui peut troubler… et ce qui
mérite d’être expliqué.
La dynamique maître/esclave 24/7: ce que c’est — et ce
que ce n’est pas!
Une relation maître/esclave en 24/7 signifie que la
dynamique de pouvoir ne se limite pas à une scène ou à un jeu ponctuel. Elle
imprègne le quotidien: les gestes, les rituels, la façon de se parler, parfois
même les décisions.
Mais — et c’est fondamental — elle repose sur trois piliers
non négociables:
Le consentement éclairé: donné librement, sans
pression, et réversible.
La confiance absolue: l’esclave choisit à qui elle
remet ce pouvoir.
Des limites claires: définies ensemble, respectées
sans exception.
Contrairement aux idées reçues, l’esclave n’est pas privée
de volonté. Elle exerce au contraire un pouvoir immense: celui de dire oui,
non, stop, ou de partir.
L’esclavage d’amour: une soumission choisie, pas une
annihilation
On parle parfois "d’esclavage d’amour” pour désigner
une forme de soumission profondément affective. Il ne s’agit pas de
disparaître, mais de s’offrir.
Dans ce type de relation: la soumission est un
langage émotionnel. L’abandon est vécu comme une libération, non comme une
perte. Le dominant devient le gardien de ce don, non son exploiteur.
Pour certaines personnes, se déposer entièrement entre les
mains de l’autre — dans un cadre sécurisant — est une manière de lâcher le
contrôle, le poids des attentes, la solitude décisionnelle. Ce n’est pas une
faiblesse. C’est un choix intime, parfois profondément réparateur et libérateur.
Dans la fiction: quand la domination naît d’une faille
Dans mon roman, le malaise est intentionnel au départ.
Lorsque Damien appelle Sarah “esclave”, ce n’est pas encore
un mot d’amour. C’est un test. Une provocation. Une façon maladroite et cruelle
de vérifier si elle est sincère dans son désir de revenir vers lui.
Mais ce qui commence comme un jeu de pouvoir teinté de
blessures évolue. Le mot change de couleur. Il cesse d’être une arme pour
devenir un lien.
Sarah ne devient pas une esclave par contrainte.
Elle devient son esclave d’amour parce qu’elle le choisit.
Et Damien, loin de s’endurcir, est profondément touché par
la confiance totale qu’elle lui accorde.
Mais attention! Aimer n’implique pas d’aimer toutes les
formes d’amour
Il est important de le dire clairement: ne pas être à l’aise
avec ces dynamiques est parfaitement légitime et votre partenaire de jeu se
devrait toujours de respecter vos limites.
La littérature érotique explore des zones émotionnelles,
psychologiques et relationnelles très variées. Certaines seront en harmonie
avec nos valeurs, d’autres non. Ce n’est ni un échec ni une faute morale que ce
soit de la part de celui qui regarde ou de celui qui crée la fantaisie érotique.
Cependant, comprendre qu’une relation maître/esclave
consentie, respectueuse et aimante n’a rien à voir avec la domination abusive
permet parfois de lire ces histoires autrement — ou au moins de ne pas les
réduire à ce qu’elles ne sont pas.
En conclusion
Les relations de pouvoir, qu’elles soient littéraires ou
réelles, ne sont pas dangereuses en soi. Ce qui est dangereux, c’est l’absence
de choix, de parole et de respect.
Dans une relation saine, même la soumission la plus
totale reste un acte de liberté.
Et dans la fiction, parfois, ce sont précisément ces zones
inconfortables qui nous obligent à réfléchir à nos propres limites, nos peurs…
et à ce que cela signifie vraiment pour nous que d'aimer.
Personnellement, dans mes livres, j'aime bien parfois explorer
des zones qui me sont à moi aussi parfois inconfortables... et en apprendre
aussi un peu sur moi-même par la même occasion! L’étude du mode de vie BDSM en
tant qu’auteure m’a d’ailleurs bien souvent poussée à voir au-delà de mes
propres limites!
Bonne chance à vous dans l'exploration et la découverte de
vos propres préférences! ;-)
― Honey Goldfish

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